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Workshop report: rethinking the human-built world: technology, maintenance and sustainability.

Publié le 12 avril 2024 Mis à jour le 12 avril 2024

Archives - 17 mai 2017

Rapport d'atelier: repenser le monde construit par l'homme. Technologie, maintenance et durabilité.

Cet atelier interdisciplinaire a réuni des chercheurs et des professionnels de Belgique et de l’étranger pour discuter d’un certain nombre de tendances contemporaines dans les études scientifiques et techniques (STS) et l’histoire des techniques. L’intérêt pour les technologies utilisées et les sujets connexes tels que la maintenance et l’infrastructure a gagné du terrain dans ces domaines depuis un certain temps déjà, par opposition à leur focalisation traditionnelle sur l’innovation et la nouveauté. Porter de telles démarches à l’ULB et à Bruxelles était l’objectif de la matinée.

David Edgerton (King’s College London), auteur de l’ouvrage largement acclamé Shock of the Old (2006), a commencé par suggérer de supprimer le terme technologie de notre vocabulaire. Dans la vaste étude du sujet qui a suivi, Edgerton a affirmé que l’accent traditionnel de l’histoire de la technologie sur la nouveauté et le changement a jusqu’à présent conduit à une compréhension très incomplète de la constitution matérielle de la société. Il a ensuite fourni une longue liste d’arguments pour expliquer pourquoi l’entretien en particulier n’a pas reçu l’attention qu’il mérite. Par exemple, il a fait valoir que les préposés à l’entretien constituent une « classe de contremaîtres » de travailleurs qualifiés. En tant que tels, ils ne s’intègrent pas bien dans la structure de classe marxiste et ont donc souvent été négligés ou subsumés dans la notion plus large de classe ouvrière.

Lee Vinsel (Stevens Institute of Technology, New Jersey), l’un des initiateurs de The Maintainers, un groupe d’universitaires principalement intéressés par la réparation, l’entretien et les infrastructures, a repris la conférence d’Edgerton avec une critique des discours contemporains les plus extrêmes centrés sur l’innovation, comme en témoignent les récits de célébration tels que The Innovators de Walter Isaacson. Vinsel a souligné que si les mainteneurs jouent un rôle important dans toute société humaine, ils sont devenus beaucoup plus importants au cours de la soi-disant « deuxième révolution industrielle » et de la construction de grands systèmes et infrastructures techniques. Il a également observé, parmi de nombreuses autres idées, que l’un des principaux objectifs de l’entretien est de préserver l’ordre social, physique et technique.

La conférence de Karsten Marhold (ULB, MM&C) sur les véhicules électriques dans les années 1970 visait à fournir un exemple concret de la façon dont l’entretien et l’utilisation, pris au sérieux, peuvent aider à inspirer et à affiner la recherche sur des artefacts technologiques spécifiques. En effet, les exigences de maintenance et les problèmes de fiabilité ont été identifiés comme des obstacles majeurs par les ingénieurs allemands et français travaillant sur de tels véhicules à l’époque.

Enfin, l’exposé de David Helbich sur son projet Belgian Solutions a illustré, du point de vue des artistes, pourquoi la pensée de type Mainteneurs a le potentiel de résonner particulièrement bien à Bruxelles et en Belgique. Avec le bricolage et la lutte quotidienne pour maintenir les choses en état de marche, Belgian Solutions, dans le cadre de cet atelier, est apparu comme une manière ludique de rendre visible la place et l’importance de l’entretien et de la réparation dans la vie contemporaine.

L’objectif de la séance de l’après-midi était de discuter des implications que l’accent mis sur l’entretien pourrait avoir du point de vue de la durabilité. Les présentations et les discussions ont suggéré que la recherche sur l’entretien, l’infrastructure et la réparation peut mener à des informations précieuses sur la relation entre la technologie et l’environnement.

Grégoire Wallenborn (ULB, IGEAT), dans une présentation centrée sur les réseaux électriques, n’a laissé planer aucun doute sur l’urgence de la catastrophe environnementale à laquelle on peut s’attendre plus tôt que tard. Mais il a tout de même été en mesure de proposer une solution optimiste sous la forme de coupures de courant : c’est-à-dire des interruptions volontaires de l’approvisionnement en électricité conçues pour « pratiquer » la catastrophe avant qu’elle n’arrive pour de bon. Des exemples historiques, tels que l’époque où il n’y avait pas de voiture ou les pannes d’électricité passées, suggèrent que de telles perturbations peuvent amener les gens à reconsidérer leur relation avec les infrastructures et la technologie, les rendant visibles et moins considérées comme acquises.

De son côté, Mathilde Lallemand (ENTSO-E) a révélé l’immense complexité de la transformation du réseau électrique, une infrastructure existante en constante utilisation, pour répondre aux défis posés par le développement des énergies renouvelables. La présentation et la discussion qui a suivi ont fourni de nombreux points d’ancrage pour les chercheurs et les chercheurs en STS. Des consommateurs actifs à la production décentralisée, des défis démocratiques à la coopération transfrontalière, la liste dépasserait le cadre de ce résumé.

Vincent Lagendijk (Université de Maastricht) a ensuite montré comment les historiens peuvent jouer un rôle dans de tels processus : dans son cas, en montrant que les protestations citoyennes peuvent être une force constructive conduisant à un développement des infrastructures socialement acceptable et plus démocratique. L’étude de la technologie et de l’infrastructure d’un tel point de vue ascendant peut donc conduire à des informations précieuses sur leurs effets sociaux plus larges. Lagendijk a affirmé que dans le passé, l’engagement des citoyens dans la construction d’infrastructures a contribué à façonner à la fois les artefacts techniques et l’identité des communautés locales.

Cette notion a ensuite été étayée par Dominique Nalpas (États Généraux des Eaux à Bruxelles), qui a présenté BrusSEau (Bruxelles Sensible à l’Eau). Ce projet vise à permettre aux citoyens de s’engager dans les infrastructures municipales de l’eau à Bruxelles en puisant dans leurs observations et en les éduquant. Le consortium du projet espère que les administrations municipales et les ingénieurs seront plus ouverts aux préoccupations des citoyens concernant les infrastructures une fois qu’elles seront bien fondées et bien formulées.

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Secrétariat : mmc@ulb.be