Colloque - Transmettre le passé familial : Quand l'intime rencontre l'histoire

Le 24 novembre 2025, au Sénat à Bruxelles, se tiendra une journée de restitution des résultats du projet ARC RE-member, consacrée à la transmission intergénérationnelle des souvenirs liés à la stigmatisation.

Cette journée d'étude, organisée par l'UCLouvain, marque la fin du projet de recherche RE-Member (2020-2025) lors duquel une large équipe de chercheuses et chercheurs s'est intéressée à la transmission intergénérationnelle de deux événements marquants de la Belgique : la collaboration avec l'occupant pendant la Seconde Guerre mondiale d'une part, et la colonisation du Congo belge par la Belgique d'autre part. Le projet de recherche a consisté à interviewer plusieurs personnes d'une même famille mais de générations différentes autour de cette mémoire. De cette manière, ce projet se penche sur les récits et les narratifs qui entourent des pages sombres de notre histoire collective, mais sous un prisme familial : quels sont les récits qui sont transmis ? Quels sont les zones de silence ? Et quelles sont les émotions qui passent d'une génération à l'autre autour de cette mémoire ? Cette journée d'étude consiste donc à présenter les résultats de ces recherches et à aborder, de manière plus générale, la mémoire de la collaboration et de la colonisation en Belgique. Cette journée entièrement bilingue se tiendra au Sénat de Belgique, une traduction instantanée français - néerlandais sera assurée. Avec un programme riche, c'est aussi un précieux mélange de différentes disciplines scientifiques qui sera ici proposé au public composé de familles ayant participé aux enquêtes et de chercheurs : historiennes et historiens, politologues, psychologues, sociologues... 

  Iadine Degryse a été invitée à présenter ses recherches portant sur la mémoire dans l'espace public bruxellois. Elle a choisi de parler de l'oeuvre "Embrace" située au Nord-Ouest de Bruxelles. Cette oeuvre représente le moment où Simon Gronowski saute du XXe Convoi les emmenant, sa mère et lui, à Auschwitz en 1943. Simon a 11 ans, il saute mais sa mère ne saute pas. Il s'enfuit, se cache, retrouve son père et survit à la guerre.
  L'oeuvre d'art Embrace est exceptionnelle à plus d'un titre : parce qu'elle rend hommage aux victimes de la Shoah, aux mères disparues et aux survivants, une mémoire qui est apparue tardivement dans l'espace public bruxellois. Mais cette oeuvre est aussi exceptionnelle par l'artiste qui l'a créée : Koenraad Tinel. Celui-ci est un artiste reconnu en Flandres. Mais à l'age de 6 ans, lorsque la guerre a éclaté, il s'est retrouvé "de l'autre côté" de cette histoire. Ses parents embrassent l'idéologie nazie, ses deux grands frères s'engagent dans la Waffen SS. Après le débarquement de Normandie, Koenraad et sa famille doivent fuir en Allemagne et se cacher. Koenraad est alors le témoin d'atrocités lors des bombardements des Alliés.  
Lors de son intervention, Iadine présentera d'abord un petit court-métrage réalisé à partir de ses recherches et des interviews réalisées avec Simon Gronowski et Koenraad Tinel d'une part, ainsi qu'avec Ivo Peeters, directeur du GC De Zeyp et qui a commandité l'oeuvre d'art Embrace. Après ce film, nous aurons la chance de partager un moment d'échanges et de réflexions avec Simon Gronowski et Koenraad Tinel, qui nous font l'honneur de participer à cette journée. Nous échangerons ainsi sur la transmission familiale de leurs souvenirs et de leurs histoires.

Programme complet disponible ICI.

Inscription gratuite mais obligatoire.